Nomadaime, 1995. 95 pp.

Se balance le chameau
Mon chameau se balance
Ainsi naît la poésie
Agglutinée des Berbères
Me dit le grammarien sénégalais
L'orageuse et sensible mer
Méditerrannée nous métisse
Plein chant polyphonique
Mes Africains l'ont propagé
Unis contre les blancs de la mémoire
Les poèmes, paroles plaisantes,
Cultivant rythmes et mélodies
Bercent une sainte victoire
Sur le désert des mots qui nous fuit
Éditions du Gref, Coll. Écrits Torontois
ISBN: 0-921916-52-3
Illustrateur: divers artistes
Critique
« Avec ces vers de Nomadaime se dresse devant nos yeux ce poète tunisien-français-canadien, grand voyageur à travers pays et cultures, qui joue avec les mots de la langue française, qui en crée, en amalgame pour en inventer de nouveaux et nous faire rêver. Hédi Bouraoui : un nomade qui voyage autant dans la géographie des mots que sur le globe… Tous son recueil s’inspire de la pérégrination, du nomadisme, de l’émigration, de la transhumance. Ces voyages sont cependant ceux d’un poète, ses avions ou sa barque, ceux de la pensée poétique. Ce sont des voix étranges qui diasporisent… A travers l’errance, les racines africaines sont toujours là, importantes, pénétrant la pensée, surgissant dans les mots unis contre les blancs de la mémoire. » Mireille Desjarlais-Heynneman, L’Express, Toronto, 8-14/10/96, p.5.
« Franchissant avec une souplesse magique les frontières et les balises linguistiques et culturelles, cette poésie poursuit le projet d’être le creuset de rencontres, d’interférences, de croisements entre les civilisations… Toutefois, Hédi Bouraoui ne s’embarque pas ici dans un nomadisme anecdotique. Son mouvement s’inscrit essentiellement dans l’espace de la langue, parmi les frémissements des mots et le bruissement des paroles… [Il] poursuit ainsi la quête inaugurée par les grands poètes de notre siècle, comme Saint-John Perse et T.S. Eliot, pour qui la poésie a comme préoccupation urgente et immédiate une méditation sur [son] essence. Nomadaime est composé de six parties, dont chacune marque une étape nouvelle dans cette avancée vers les limbes du langage où le verbe cesse d’être un simple vocable ou un signifiant codé, pour devenir la cristallisation de l’être écrit. » Kamel Ben Ouanes, Le Temps, Tunis, 10/04/96, p.8.
« Le poète… ne recule ni devant les néologismes… ni devant les mots-valises. Ni surtout devant l’inversion des verbes… qui, placés en début de vers, ont pour effet de briser le rythme de l’écriture, mettant du coup le lecteur en état d’alerte, et donc d’accueil. C’est qu’Hédi Bouraoui se sert des mots, les sert, les sertit… L’ouvrage a pour fil conducteur la ‘poésie agglutinée des Berbères’, ces ‘caravaniers de l’éphémère’, dont le poème "Manque" exprime superbement la souffrance profonde… Mais l’autre pôle du titre, l’autre fil rouge de l’œuvre, celui qui tend et sous-entend tout, c’est bien sûr l’amour, dont le paroxysme éclate dans les deux dernières parties du recueil. Il y a dans ce crescendo final, comme ça et là à travers les pages précédentes, certains des poèmes amoureux les mieux écrits et les plus profonds qu’il m’ait été donné de lire. » Claude Rochon, Envol, Ottawa, IV, n°1, 1996, p. 35-36.
« Bouraoui fait un usage significatif du vers. Musicien accompli, il est sensible aux nuances particulières suggérées par le découpage, la sonorité des mots et les accents toniques… En somme, son l’univers fuit les vautours noirs de la déraison. L’auteur a piqué sa tente près d’un puits dont il connaît déjà le potentiel, patient voyageur qui attend la fin de la tempête. Et lorsque la sève coule à ses pieds en gouttes de miel, sa sensualité tranquille s’avance, généreuse, pour compléter le rituel. Le poète s’engage dans ‘l’étreinte d’un seul instant qui cycle l’univers’. » Pascal Sabourin, Liaison, Ottawa, mars 1996.
Contact
Édition du Gref, Centre universitaire Glendon, Université York, 2275 avenue Bayview, Toronto, Ontario, Canada. M4N 3M6
Courriel : abaudot@delphi.glendon.yorku.ca